vendredi 26 août 2011

Ce que je pense de la famine à la corne de l’Afrique où la population somalienne meurt de faim tous les jours.

La Somalie est une partie du continent africain qui est miroitée par le monde. Cette corne est aujourd’hui frappée par une sécheresse qui est entrain de décimer sa richesse (élevage et agriculture) et sa population. La gravité de cette situation interpelle toute l’humanité. L’urgence est de tout faire pour aider la population somalienne à survivre. Chaque fois que la télévision présente cette population affamée, je l’éteins immédiatement parce que je n’aime pas voir la souffrance perdurer. Par la suite, je me suis rendu compte que cela n’est pas la solution. J’ai vu que des ONG étaient entrain de travailler dans les pays développés pour qu’on envoie à manger à cette population. Je joins ma voie à tous ceux qui ont cette bonne  volonté car le monde ne manque pas de moyens pour secourir ou pour être plus humaniste. Il faut qu’il sache qu’une des raisons des grandes crises financières et des conflits est liée au fait qu’une partie de la population du monde n’a pas l’essentiel : manger, boire de l’eau portable, travailler, avoir des revenus conséquents et s’héberger.
En tant qu’agriculteur ayant eu l’occasion de voyager dans ces pays développés, je me sens souvent coupable. Quand j’ai dit un jour à un groupe de producteurs que j’ai été à Cancun, au Mexique lors des négociations à l’OMC et que la chambre coûtait par nuit 250 dollars soit environ 125 000f cfa et qu’un repas dans ces grands hôtels coûtait 50dollards soit 25000f cfa, certains ont cru que je mentais car nombreuses sont les  familles africaines qui n’ont pas 125000f comme revenu annuel. Quand tu leur dis que tu as mangé à 25000f le repas, ils regardent ton visage en se demandant où tu as mis tout ce repas. Pour eux un repas de 25000f doit valoir une centaine de kg. Ils pensent que quelqu’un ne peut pas le manger, sinon on doit le sentir sur lui. Alors, moi étant du village, j’ai donc eu l’occasion de vivre les deux extrémités : dormir et manger à ces prix et aller enlever de l’eau dans la mare et boire ; une eau que les animaux boivent en passant. Je comprends bien la douleur de ceux qui sont chassés par la sécheresse de leur localité. Ces populations sont obligées de marcher plusieurs jours pour avoir à boire ou à manger. Ces peuples vivent dans le désespoir et dans l’espoir que quelqu’un viendrait à leur secours.
J’ai eu également l’occasion de voir des grains de maïs qui servent de nourriture pour les animaux dans les pays développés. Dans ces pays,  on ne pense pas qu’on puisse élever des animaux sans leur donner des grains. Alors que, quand j’explique dans certains milieux paysans que des vaches sont nourries par des graines de maïs, certains me considèrent comme un menteur. Pour eux, l’agriculture est faite d’abord pour nourrir l’Homme. Pourtant ceux qui donnent la graine de maïs à la vache, le font pour nourrir le même Homme avec la viande et le lait. C’est la politique et les moyens qui font la différence.
Aujourd’hui, nous parlons de changement climatique qui est responsable de plusieurs phénomènes. Mais pourtant l’évolution de la capacité d’analyse de l’Homme a évolué plus vite que le changement climatique. Nous savons tous à quel moment l’Amérique a été découverte, mais, si on considère le niveau de développement actuel des pays, on s’aperçoit que le Canada et les Etats-Unis sont des champions. Maintenant, cette capacité d’analyse est utilisée pour qui ? Et pour quoi faire ? C’est ça le vrai problème. Moi je pense que c’est le moment de bien orienter cette capacité d’analyse parce que le pauvre comme le riche ont tous des problèmes aujourd’hui. Les riches parlent de crise financière et d’insécurité grandissante pendant que les pauvres sont confrontés à la famine, à la pauvreté et aux maladies. Qui est celui qui gagne donc ? S’il existe conscientisons le ; s’il n’existe pas, réfléchissons bien et donnons une autre politique à cette mondialisation.
Quant à l’Afrique, il va falloir qu’on revoie réellement notre agriculture. Je ne peux pas comprendre que lors de la guerre mondiale 1939-1945, qu’ont ait pris des africains analphabètes dans les villages  et que trois ou cinq mois après, ils étaient de bons combattants au front. Ils ont combattu comme tout le monde. Mais pourquoi dans l’agriculture aujourd’hui on n’arrive pas à former cette même population sur son plus vieux métier qu’est l’agriculture surtout avec la technologie qui existe de nos jours partout dans le monde. De surcroit, il n’y a pas ce gros diplôme en agriculture qu’un africain ne détienne pas aujourd’hui. D’autre part, on connait l’utilité des africains analphabètes déportés lors des traites des esclaves en Amérique ; ils ont une grande part dans la modernisation actuelle de l’agriculture parce qu’ils étaient à la base et ils travaillaient à la main sur des directives techniques qui aboutissaient à de bons résultats. Je ne sais pas quelle analyse les noires américains donnent à l’Afrique, quand ils viennent nous voir dans notre situation actuelle. J’ai l’impression que l’Afrique à mieux compris le métier administratif appris, que sa pratique ancienne (l’agriculture) qui n’est pas de la parole mais plutôt de l’action car dans le métier pratique on ne peut pas fabriquer des résultats : c’est visible ou soit ça n’existe pas.
Ce que je ne comprends pas aussi en Afrique, c’est que les magrébins font l’exception en matière de développement. J’ai eu l’occasion de visiter le Maroc et l’Egypte qui ont un niveau de développement élevé incomparable au reste du continent. Alors, cette famine sur la corne de l’Afrique m’interpelle, me fait peur parce qu’après la corne de l’Afrique, je ne sais pas à qui  le tour sera? Pourtant je pense qu’il est possible qu’on se suffise.
                                                                       
                                                  Ouagadougou, le 25Août 2011
                                                  TRAOE B. François,
                                                  www.francoistraore.blogspot.com                        
                                                   Président d’honneur de l’AProCA,
           Docteur honoris causa.
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